Ces rêves d'enfant dénichés, cet adulte qu'ils révèlent...

 

Années 90

Je viens d’entrer en 6ème.
Je suis déjà une lectrice aguerrie, et quand dans la liste de lecture apparaît le frêle ouvrage « le faucon déniché » (Jean-Côme Nogues ), cela ne me fait même pas lever un sourcil.
Et pourtant…
Seuls ma peur de Mme Foray, la prof de Français, et mon respect maladif des règles, m’empêcheront de dévorer le livre en quelques jours, et m’obligeront à découvrir cette histoire au fil des semaines.
Sincèrement, aujourd’hui, je ne me souviens même pas de l’histoire.
Mais les émotions ressenties sont intactes.
Celles que seule la complicité entre un enfant et un animal savent procurer.
J’étais bien un enfant, mais je n’avais pas d’animal.
Et encore moins de faucon.

Quelque chose s’était allumé en moi.
Au point de me pousser à me poser sur ma fenêtre pendant des plombes, la main tendue, à attendre que la providence fasse se poser un merveilleux rapace dessus.
Inutile de vous dire qu’aucun faucon n’est venu, ni le moindre moineau.
Les seules choses que j’ai attrapées sont de belles contractures et une grande déception.

Puis le temps a passé.
Ce temps qui allonge les centimètres, et enfouit les rêves des enfants bien profondément.

J’ai bien assisté à quelques spectacles de rapaces ici et là, mais mon bouton émotionnel était en OFF, le faucon déniché ne l’était plus, la petite fille qui attendait son faucon avait disparu.

Fin juillet 2025

Cela fait des mois que je suis poussée à régler mes blessures personnelles, et au travers d’elles,  à apaiser les cicatrices laissées par ma famille.
Et c’est naturellement que je me retrouve à passer quelques jours avec mes filles sur mes terres d’origine, dans cette jolie petite maison prêtée par la cousine de mon Papa, que j’ai rencontrée quelques semaines auparavant.

Le premier jour a été difficile, marqué par l’empreinte énergétique lourde des pèlerins pour Saint Jacques de Compostelle en désespérance, en recherche de réponses, laissées au Puy-En-Velay et que j’ai récupérées malgré moi, au point d’avoir eu envie de rentrer à Crémieu. Je suis devenue un réceptacle à énergies, effet secondaire de mon entrée dans la spiritualité.
La soirée passée dans un restaurant Harry Potter à boire des cocktails bleus puis à faire de la tyrolienne dans un parc pour enfants a su nettoyer les traces sombres à coup de rires de mes filles.
On reste.

Le lendemain, c’est apaisée et posée dans le jardin que je scrute le ciel.
Un couple de buses passe.
Une étincelle jaillit en moi, et allume en gros néons dans ma tête les mots « stage de fauconnerie ».
Oui, oui, exactement.
ça clignotait même.

Je suis devenue coutumière de ces messages, qu’ils arrivent par des visions ou des paroles susurrées (ou hurlées quand je n’écoute pas attentivement). J’accepte peu à peu cette clairvoyance et cette clairaudience. De toute façon, je n’ai pas le choix.

Me vla donc à ouvrir mon ordinateur et à chercher « stage de fauconnerie Rhône Alpes » chez mon ami Google. Je n’avais aucune idée de si ça existait ou pas. Mais il fallait que je le fasse.
Plusieurs sites sont proposés.
Je laisse ma souris choisir.
Je n’en ouvrirai qu’un seul.
Le bon.

J’arrive sur un site fait de bric et de broc, avec une mise en page aléatoire et des fautes d’orthographes parsemées ici et là.
Clairement, l’accent est davantage mis sur le soin aux animaux que celui porté à la vitrine internet. Ça me plaît.
Le gars propose des stages de fauconnerie à 1H30 de chez moi, sur une journée.
Il est également cavalier.
Pas de tarif.
Mais je sens que je dois le contacter.
Tout ça m’inspire confiance.

J’envoie un mail.
A ce moment-là du processus, je suis en pause professionnelle, en pleine écriture, et mes dernières économies ont été aspirées quelques jours avant pour remplir les cartables des filles et les habiller pour la rentrée.
Autant vous dire que financièrement, je suis à sec.
Mais j’ai appris que lorsqu’on crée sa réalité en étant alignée, l’Univers sait envoyer ce qu’il faut pour la mettre en œuvre. J’ai confiance.

Le stage propose des connaissances théoriques sur l’alimentation, les variétés des rapaces, la réglementation, les règles de sécurité… et des sessions de vol et rappel en liberté.
Je me dis qu’une telle journée doit se chiffrer autour de 700€.
Ben ouais, des rapaces, quoi !
Avoir le droit d’approcher ces animaux aussi nobles doit forcément coûter son pesant d'or, non ?

Davy, le fauconnier, me répond rapidement, en me proposant de le rappeler.
Ce que je fais immédiatement.

Un accent chantant, une voix posée.
En 1 minute, je sais que je vais y aller.
La confiance se confirme au moment où il annonce qu’il ne donnera l’adresse qu’au dernier moment pour éviter de la diffuser et ainsi protéger ses animaux.
Quand j’apprends le tarif, 160€ resto compris, je suis choquée mais agréablement surprise. 
Et on bloque la date ensemble, le 23 août.
Nous serons 4 stagiaires.

Dans un mois.
Je ressens déjà en moi une impatience enfantine remonter.
J’adore.
Je raccroche et j’annonce fièrement aux filles que leur mère va réaliser un rêve de gosse, un stage de fauconnerie. Elles se marrent. Elles sont habituées à mes bizarreries désormais.
Première fois que j’associe fauconnerie à « rêve d’enfant ».
Le lien avec la Aurélie de 6ème commence à se recréer.

Le lendemain, je suis en train de travailler sur mon identité professionnelle.
Et cette fois-ci c’est par l’oreille que j’entends « Alchimiste Sociale ».
Boum.
Ben ouais.

Je sais bien que je suis en alchimisation depuis quelques temps, moi qui avais 20 en moyenne en physique au lycée sans jamais rien paner à ce qu’on me demandait, en me contentant d'appliquer bêtement les formules, et qui avais dû me dresser contre mes profs pour ne pas partir en cursus scientifique, mais qui depuis quelques mois se passionne pour l’astrophysique, les neurosciences, les forces telluriques et la physique quantique.
Mais mon activité professionnelle, depuis que j’ai quitté l’orthophonie, n’est plus d’accompagner les individus mais leur communauté, leurs « familles » pour les aider à grandir ensemble.
Ce terme « Alchimiste Sociale » me paraît alors évident.
Je ne supportais plus « consultante », bien trop capitaliste à mes yeux.
Alors oui, se dire alchimiste pourrait sembler prétentieux, mais c’est ce que je ressens en moi. Et le soulagement ressenti en l’intégrant me confirme que je suis sur la bonne voie.
C’est parti, je pose le terme.
Et je suis agréablement surprise des chouettes retours que j’en ai.

Nous rentrons à Crémieu.
Je ne parle de mon stage de fauconnerie à venir qu’à de rares personnes, seulement des proches.

Août 2025

Je débute la lecture de « L’alchimiste » de Paulo Coelho.

Je n’avais aucune idée de l’histoire.
Mais il était temps.

Je souris à chaque page.
Je n’apprends rien, chaque parabole est une leçon que j’ai déjà expérimentée.
Mais lire cette histoire, simple et pourtant profonde, me libère, sans réellement savoir pourquoi.

5 jours avant mon stage de fauconnerie, j’arrive au passage de l’apparition du personnage de l’alchimiste.
Il est décrit comme un « chevalier avec un faucon sur l’épaule ».
Je sens la larme descendre sur ma joue.
Le cheval.
Le faucon.
Tout prend enfin sens.
En moi explosent alors toutes les émotions de la petite Aurélie, qui savait au fond d’elle qui elle était, qui elle devait devenir et qui était enfin libérée.

Nous sommes à 2 jours du stage.
Et je vois apparaître sur mon compte bancaire l’allocation de rentrée scolaire.
Je l’avais oubliée celle-là.
J’avais déjà fait l’avance pour les courses de rentrée, ayant des enfants préférant boucler tout ça avant les départs.
Bingo.
N'en déplaise aux pourchasseurs de profiteurs d’aides sociales, pas d’écran plat pour moi, mais un stage de fauconnerie.

La veille de mon stage, je me sens en pleine béatitude.
Je sens que j’arrive à un moment charnière de ma vie.
Il y aura un avant et un après.

En promenant Pumpy dans le pré Minssieux, quand mes yeux tombent sur une plume de buse, je réalise pourquoi faucon et alchimiste.

Le faucon a une vue extraordinaire.
Il prend de la hauteur et plonge avec précision et justesse.
C’est exactement ce en quoi consiste mon activité, ce que je suis, et aspire rester.
Prendre de la hauteur et cibler.

Le 23 août, le temps est idéal.
Et c’est pleine de joie que je prends la route.

Je ne pourrai pas trouver les mots pour décrire la journée merveilleuse que j’ai passée.
Et ne le souhaite pas.
J’ai trouvé mon trésor ce jour-là.
Il m'appartient.

Septembre 2025

Ce week-end, j’ai eu la joie de participer à la parade des médiévales de Crémieu sur mon fidèle destrier Young.
Comme pour le stage de fauconnerie, je n’en avais pas parlé à grand monde.
Déjà parce qu’on me l’a demandé 1 semaine avant, puis parce que je ne savais pas comment Young vivrait ce moment (surtout qu’il m’a pris l’idée de monter en amazone, chose que je n’avais jamais fait) mais surtout parce que c’était un cadeau que je me faisais à moi.
Le jour J, ma joie était incommensurable.
Celle d’être à ma place, de partager ce moment avec mon cheval, mes filles et mes amis.

Puis j’ai reçu une photo qui reflétait à mes yeux toute l’intensité du vécu du moment présent.
Une photo prise par une personne lumineuse.

Notre échange de messages a alors achevé ma compréhension de l’Alchimiste, dans lequel ce fameux personnage est un cavalier.
Il a illustré une phrase que j’aimais beaucoup depuis des années alors sans la conscientiser : « être à cheval, c’est être entre ciel et terre, à une hauteur qui n’existe pas ».
Quand ma photographe d’un jour m’a dit : « tu étais radieuse, garde ta hauteur, ça te va bien », la boucle était bouclée.

Depuis que j’ai reconnecté avec mon passé et travaillé à la guérison de mes blessures, la boîte de mes rêves d’enfant s’est ouverte, ces rêves qui sont en réalité l’essence même du futur adulte, qui choisira ou non de regarder dans cette boîte.

Depuis la matérialisation de ce 1er rêve, c’est un autre qui s’est présenté à moi, et qui prendra peut-être vie très bientôt… Un autre rêve de la petite Aurélie, future alchimiste,  qui a toute sa vie été guidée à préparer son arrivée… Un rêve encore en gestation…

Et vous, avez-vous déniché vos rêves d’enfant ?





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