Petite leçon de manipulation

 

J’écris très souvent à la faveur de la lune.
Ce soir, elle illumine mes pensées à des centaines de kilomètres de mon cocon crémolan, mais à quelques centaines de mètres d’une partie de mon cœur.
Ici, je suis toujours plus proche de moi.

Une intro ma foi fort litteraire pour introduire le sujet du jour, ou que dis-je, de la nuit : la vérité.

Qui dit vérité, dit forcément révélation.

Ce soir, après avoir passé une journée entre la plage et le canapé en pestant sur mon manque de motivation à ouvrir mes dossiers professionnels, je me suis posée sur les réseaux sociaux.

Et là, j’ai découvert que notre présidieu Macron avait, une fois de plus, dégoupillé une grenade lors d’une interview.
Mais à la lecture des réactions de tous bords, c’est l’image du mentos dans le coca qui m’est venue.
Le mec il a perdu les pédales, ça y est.

Je ne vais pas m’étendre sur le côté politique de la chose, je n’ai pas forcément envie de parler séparation des pouvoirs, ou droit constitutionnel - bien que je kiffais cette matière lors de mon passage estudiantin en droit- ce soir.

Le côté analyse psychologique du personnage m’importe davantage.
Parce que le personnage, je l’ai subi.
D’une manière plus ou moins directe.
Et que l’analyse que j’en avais faite à l’époque se confirme aujourd’hui.
Et se dévoile aux yeux de tous.

Printemps 2022.
Je sors lentement d’une période sombre.
Mon travail est ma bouée de sauvetage.
Mon engagement, aider les autres m’apparaît comme le seul moyen d’avancer.
Je comprendrai plus tard que c’était surtout une excuse, une fuite pour ne pas m’aider moi-même.
Du coup, ben je me suis pris un mur pour que je comprenne bien.

Avant le mur, il y a eu la création de l'observatoire du grand âge, cofondé avec entre autres personnalités remarquables, Laurent.
L’OGRA, c’était son bébé, en gestation depuis des années. Le scandale ORPEA, la sortie des Fossoyeurs, l’aura médiatique dont il bénéficiait alors ont précipité les choses.
Nous voulions servir la cause, à tout prix.
Nous voyions les choses en grand, nous rêvions de tout changer.

En parallèle, je me noyais également dans la politique.
J’ai milité dans un parti souverainiste de gauche, et ai dirigé la commission santé.
Travailler avec des personnes aux parcours extraordinaires, construire collectivement un programme réaliste, cohérent, dans les domaines qui me tenaient à cœur, tout était source d’apprentissage et d’évolution.
L’élection présidentielle se profilait, mes compréhensions du milieu politique et de ses travers, continuaient à s’élargir.

Mon activité professionnelle devient florissante, je m’apprêtais à co-écrire mon premier ouvrage, les contrats et engagements défilaient.

Jusqu’à ce jour.

Nous sommes dans le salon de Laurent, le lendemain d’une soirée donnée chez Fayard pour fêter le succès des Fossoyeurs.
Nous étions en ébullition depuis quelques temps, Laurent était invité au Parlement européen pour plaider la cause de l’OGRA.
Et c’est en pyjama, un café à la main, que Laurent décide de m’annoncer qu’il y a quelques jours, il a eu une visio avec Emmanuel Macron.
Qui lui propose de devenir son ministre du grand âge s’il est élu à nouveau président de la République.
Je n’en crois pas mes oreilles.
D’ailleurs je ne le crois pas du tout, je pense qu’il plaisante.
Je comprends à son regard, que non, non, pas du tout.

Il ne s’arrête pas là.
Il me dit avoir demandé deux choses à présidieu en échange de son accord : qu’il puisse garder sa liberté de parole. Et que je sois sa cheffe de cabinet.

Je ne me rappelle plus du trajet jusqu’à chez moi.
Un tourbillon total.
Une tornade.
J’étais complètement perdue.

Ma situation personnelle commençait à se stabiliser, je sortais des ténèbres, mes deux filles et moi commencions à apprécier notre nouvelle vie, j’avais alors 2 chevaux, mon chien, ma vie à Crémieu, quoi.

Et on venait me proposer de tout bousculer.
Une vie à Paris, un rythme hors sol, des impacts sur tout mon entourage.

Ceux qui me connaissent savent très bien ce que je pense de la politique de Macron.

Et pourtant j’ai sauté à pieds joints dans le piège.
Dans le piège que je m’étais moi-même posé.
J’étais aveuglée par la cause. Je me sentais légitime, capée pour ça.

J’ai alors entrepris de me former rapidement. J’ai réuni autour de moi des personnes de confiance, qui m’ont appris les codes. J’oeuvrais en douce pour constituer cabinet et programme.
Quelle naïveté…
Même si l’Elysée nous assurait du maintien de l’offre, j’étais consciente que c’était là un moyen de passer sous silence le scandale autour du grand âge, et de bénéficier des faveurs des électeurs en nommant l’emblématique Laurent comme ministre.
Pour autant, j’ai soutenu Laurent, et nous avons convenu d’accepter. Puis de démissionner. En mode justicier, genre.
Mouhahahahah, mais quels débutants…

J’étais tellement convaincante avec moi-même que tout le monde était convaincu autour de moi.
Une seule personne aura pourtant un discours différent avec moi.
Un discours emprunt de prudence, de bienveillance et d’amour.
C’est le seul que j’ai alors choisi de ne pas écouter.

1er tour.
Macron passe.
L’Elysée nous demande une note pour le débat avec Marine Le Pen.
Je m’exécute.
Je ne saurai jamais si cette note a été vraiment lue. Seuls quelques termes spécifiques au grand âge utilisés par Présidieu 1er pourraient laisser penser que oui.
Peu importe.
Aujourd’hui, je n’en suis pas fière.

2ème tour.
Macron élu.
C’est la panique dans ma tête.
Laurent est dans le même état.
Nous avons eu quelques semaines pour apprendre les rouages et tisser des liens avec des taupes, nous savons que les ministres sont appelés la veille des nominations.
Donc nous attendons.

Nous attendons toujours.

Non, en vrai nous n’attendons plus rien.
Parce qu’on s’est fait manipuler.

Comme beaucoup se sentent peut-être manipulés ce soir par le même personnage.

Au moment de l’annonce de la nomination de Damien Abad au poste pourtant promis à Laurent, j’avais déjà bouleversé les projets de mes enfants, mis en sommeil mon activité professionnelle, délaissé mes animaux et utilisé mes proches.
Le constat était violent.

Les briscards de la politique peuvent rire à la lecture de mon innocence d’alors.

Mais aujourd’hui, je réalise que cet épisode d’il y a deux ans a été à l’origine de nombreuses transformations chez moi.
Tout s’est fait en douceur, à l’exact opposé de la brutalité de ce que j’avais vécu.
Mais ça a pris le temps que cela devait prendre.
Il serait bien trop long de développer les leçons que j'en ai tirées.

Je n’en avais jamais parlé publiquement.
Certainement par honte de m’être fait manipuler.

Aujourd’hui, je n’ai plus honte. 

Quand j’entends au café « Oui Macron il manipule tout le monde », ça résonne différemment chez moi. Mais je suis convaincue que ça résonne de la même manière chez toutes ses victimes.
Et à la lecture de ce que je lis ici et là ce soir, tant de colère et d'injustice exprimées, je réalise que beaucoup ressentent ce que j’ai ressenti.
Et un ressenti, c’est la base du changement.
Alors quand le changement est collectif...

 Bref, vivement les JO !

Commentaires

  1. Avez vous lu le livre de M Joly
    La pensée perverse à l’Élysée
    C’est un sociologue qui a lu Paul Racamier, le premier à avoir parlé de la perversion narcissique.
    À déguster

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