Quand "Vivre" est devenu une cage...

Il y a quelques semaines, j’ai voulu tout arrêter.

D’épuisement.

Je voulais mettre le film sur Youtube et ne plus en entendre parler.

Puis la réalité m’a rattrapée.
C’est impossible.
Ce qui est fait existe et existera encore.
Que je le veuille ou non.
Que je le nie ou pas.

Ce film a été réalisé dans un amour fusionnel.
Bercé d’illusions.
Qui me convenaient alors.
Parce que je n’en avais pas conscience.

Des illusions qui m’appartenaient, d’autres qui ne m’appartenaient pas.

Puis la séparation.
L’incompréhension.
La chute.
Le voile qui se lève.
Enfin.
Sur moi.
Sur lui.
Sur les autres.
Sur le monde qui m’entoure.
La réalité qui se présente brute.

Puis ce souffle de vie, qui pousse encore et encore à relever la tête, à avancer, malgré tout.

On apprend à se détacher, à affronter, à laisser partir.
On apprend à respirer différemment.
On apprend de nouveau à faire confiance. Lentement. Les traces sont longues à nettoyer.
On apprend à accueillir de nouvelles personnes. Avec peur d’abord, puis on se laisse apprivoiser.
On apprend à faire seule.
On apprend à se foutre du regard des gens.
On apprend à s’aimer, soi.
On apprend à être libre.

Ce film m’a appris à vivre.
Il m’a appris à me détacher.
Il m’a appris à m’attacher à moi-même.

Il y a quelques semaines, le poids de la solitude a pesé d’un coup.
Un ras-le-bol total.
Une colère sourde.
Injustice, abandon, trahison, rejet, tout y est passé.
J’en voulais à la terre entière, y compris moi-même.

J’en venais à être soulagée de ne plus avoir de nouvelles demandes de projections.
J’avais hâte que ça se termine.
Passer à autre chose.
Oublier tout ça.

Evidemment, quand l’égo se met en marche, l’Univers œuvre à nous remettre sur le droit chemin.
En l’espace de quelques jours, de nouvelles demandes de visionnages, de projections, de nouvelles opportunités pour le film, de nouveaux retours émouvants.
J’étais alors dans un inconfort total, un tiraillement intérieur.
Entre assumer l’engagement que j’avais pris envers le film, envers moi-même, et tout planter, pour ne plus y être liée.

J’avais déjà décidé de mettre le film en ligne gratuitement, comme ce qui était prévu au départ, en fin d’année.
La date est choisie, ce sera pour les 1 an de sa sortie.
Le 13 décembre.

Puis ce matin, j’ai vu Monique, protagoniste du film, au café.
Et son éclat dans les yeux quand elle m’a reconnue.
Monique, elle rayonne de bonheur quand elle parle de son cliché avec Julio.
Quand elle m’a attrapé le bras pour poser avec moi sur la photo, j’ai ressenti physiquement l’énergie de sa joie me traverser.

Ce soir, mon déséquilibre interne s’apaise.
Grâce à Monique.
Mais aussi grâce à toutes les personnes qui me témoignent de leur soutien, par leurs mots, leur présence, leurs sourires.
Toutes ces personnes qui ont su voir au-delà des illusions. Même les miennes.

Alors juste merci.
Cela me redonne le juste élan d’énergie d’aller au bout de ce projet, malgré tout, seule mais pas si seule.
Et le 13 décembre, je serai libérée de Vivre.

Il était en train de devenir une cage dans laquelle je m’étais enfermée, dans la crainte d’être liée à jamais à lui et à ce qu’il a pu représenter.

"Vivre" fera partie de moi à jamais, mais il est temps de le laisser partir.
Ce qui a été ne sera plus jamais. 
Un deuil qui se met en place peu à peu, que j'ai la chance de conscientiser.  

Monique a ouvert la porte, et je commence doucement à en passer le seuil.
Avec délicatesse et beaucoup de tendresse.
Une porte qui va se refermer avec douceur, certainement pour me permettre d’en ouvrir d’autres.



 

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