Prendre soin de soi pour prendre soin du nous: la responsabilité de celui qui ouvre les yeux le premier

 Il y a deux ans, j’ai écrit un livre, autobiographique, « Guide », en écriture intuitive.

Sur le moment, je ne savais pas que ça s’appelait comme ça, le fait d'écrire sans réfléchir en amont.
J’avais été poussée à transcrire en mots l’aventure partagée alors avec la personne qui en était le personnage central.
Le processus d’écriture a impacté directement nos vies.
Des changements ont eu lieu, dans notre relation, mais également pour chacun de nous.
Sur le moment, je ne le conscientisais pas.
C’est avec le recul que je l’ai réalisé.

En ce qui me concerne, j’ai compris le pouvoir libérateur puis créateur de la plongée en soi. C'était plutôt l'extériorisation de qui j'étais alors qui avait bougé.

Quand je me suis lancée dans l’écriture de « Vivre/Vieillir et Aimer », c’était en pleine conscience que j’allais au-devant de nouveaux changements en moi.
Ce coup-ci, point d’aventure à deux, mais une exploration de mes propres liens aux autres, en tous genres, de mon passé, et celui de ma famille. 
C’est certainement ce qui a fait que je n’ai pu débuter cette nouvelle immersion qu’à un moment précis de mon évolution personnelle : celle qui intervenait après des mois de travaux forcés sur moi-même, à un moment où j’arrivais au détachement de tout lien dysfonctionnel, qu’il soit amoureux, amical, familial, professionnel, matériel ou sociétal.
Avant, cela n'était pas possible, je n'avais pas vécu ce que j'avais à vivre.
Et physiquement, mon corps m'en avait empêché, à coup de rupture de tendon au doigt et d'opération chirurgicale cet hiver.
Le timing avait été orchestré pour cet été 2025 manifestement.

La rédaction est terminée depuis quelques jours, et j’en suis à la phase de relecture, de précisions, d’approfondissements.
Je refais donc peu à peu le fil historique de ces deux derniers mois.

Comme pour « Guide », je ne savais pas ce que j’allais écrire avant de poser mes doigts sur mon clavier.
L’écriture intuitive, c’est simplement laisser libre court à sa connexion au cœur, à sa créativité, à son art. Au divin qui est en nous.
Rien de magique, c’est du même acabit qu’un peintre qui choisirait telle couleur plutôt qu’une autre ou un musicien qui placerait telle harmonique sur tel accord.
L’art est création, c’est se laisser aller à l’inconnu, sortir de sa zone de confort, accepter de pénétrer un lieu nouveau et le transmuter.
Quelque chose que l’intelligence artificielle ne pourra jamais voler à l’humain, elle qui ne se base que sur l’existant, le passé, le connu.

Me laisser guider pour écrire ce livre a une fois de plus ouvert de nouvelles portes en moi.
Des nouvelles clés de compréhension du monde.
Celle du rôle des rêves d’enfants.
Celle de la complémentarité du couple.
Celle du poids des mots, de leur énergie.
Celle de l'image que nous renvoyons. 
Celle des impacts des croyances limitantes, dont on hérite ou qu'on se façonne.
Et bien d'autres encore.

Mais la clé que je souhaite vous partager aujourd’hui est celle de la responsabilité individuelle dans nos différentes relations.

C’était, comme souvent chez moi, quelque chose que je prônais, que j’accompagnais, que ce soit dans mon job ou auprès de mes filles, sans jamais avoir conscientisé le réel sens.

Imaginez.
Vous êtes en ville, et à côté de vous se trouve une personne malvoyante.
Une voiture arrive et la personne s’apprête à traverser.
Si vous ne faites rien alors que vous saviez qu’elle était potentiellement en danger, vous devenez responsable de son accident probable avec la voiture qui se pointe.
Responsable, pas coupable : ce n’est ni vous qui conduisiez la voiture, ni vous qui vous êtes engagé sur la chaussée. Mais ni l’aveugle ni le conducteur n’avait la connaissance de la situation que vous aviez, vous.

Le savoir rend responsable.

Je l’ai percuté quand je traitais le chapitre des schémas dysfonctionnels dans le couple, et dans les duos en général.
Les fameux attachements insécures : anxieux, évitants, désorganisés. Et tous les comportements humains qui en découlent.

Quand on a le nez dans le guidon, dans nos dysfonctionnements relationnels, on n’a pas conscience qu’on nourrit un schéma toxique pour les deux protagonistes. Et que ça nous fait involuer plutôt qu'évoluer.

Mais le jour où l’on prend conscience du dysfonctionnement dans un duo, on devient responsable de sa résolution ou de sa non-résolution.
On acquiert un savoir que l'autre n'a pas encore.
Celui qui ouvre les yeux le premier devient l’éclaireur pour le malvoyant.
Evidemment, il a son libre arbitre, et peut choisir de nourrir un déni. Il devient alors responsable du pourrissement de la situation. Et de l'accident.
Il n’est pas le seul coupable, un couple est fait de deux protagonistes.
Mais il devient le détenteur de la clé de la sortie de secours, pour lui-même en premier lieu, puis pour les deux dans un second temps.

Nous sommes tous des potentiels éclaireurs, par nos différentes prises de conscience, dans tous les domaines, amoureux, amicaux, familiaux, professionnels…

Ouvrir les yeux sur le dysfonctionnement relationnel est la première étape.
La seconde est de prendre la distance nécessaire afin de trouver les ressources - développement personnel, thérapies, introspection...-  pour sortir de la souffrance. On ne guérit pas dans un environnement qui nous rend malade.
C’est cet éclaireur, ce premier éveillé, qui a le rôle de soulager le lien de la souffrance créée aux deux.

Je ne pense pas qu’il existe des personnes toxiques.
C’est simplement la confrontation des blessures anciennes réveillées par la mise en lien des deux altérités qui peut apporter de la toxicité et de la souffrance, dans tous types de relation. Et de fait générer des comportements inadaptés, des fausses interprétations, des rancœurs, et bien plus encore si rien n'arrête le mouvement.
J’aime beaucoup cette image d’une blessure au bras non cicatrisée de l’un et sur laquelle l’autre viendrait mettre du citron. Ce n’est pas le second qui a créé la blessure, mais c’est lui qui la réactive.

Le premier éveillé devient le soignant de la relation.
Mais pas le soignant de l’autre.
Il est son propre soignant, en regardant ses blessures allant de la peur de l'engagement à la dépendance affective, en les guérissant afin que le lien ne puisse plus les réveiller.
Prendre soin de lui pour prendre soin de la relation.

L'apaisement apporté par le changement de dynamique dans la relation permettra ou pas dans un second temps au malvoyant de recouvrer la vue et d'initier sa propre guérison personnelle. Cela relèvera de son propre choix, à son tour.

Et quelle que soit l’issue à venir, que le lien soit amené à s'éteindre ou pas, l’éclaireur aura, par sa prise de responsabilité, accédé à son propre bien-être.
La récompense du job effectué.

Ouvrir les yeux est peut-être douloureux et brutal sur le moment, mais apaise durablement. Et se diffuse avec douceur dans toutes les autres relations. 

L'écriture de "Guide" n'avait pas révélé les changements profonds et intérieurs en moi que celle de "Vivre/Vieillir et Aimer" a su mettre en lumière. Ce n'était alors pas mon expérience à moi, je n'en étais que le témoin et la traductrice. 

Me replonger dans mon vécu, mon histoire, mes relations passées m'a fait ouvrir les yeux sur les dysfonctionnements que je ne voyais pas alors, et surtout sur ma manière d'aborder mes relations aujourd'hui. Et leur temporalité.

Il y a le travail individuel, qui est le job de toute une vie.
Chacun a la responsabilité de la guérison de ses propres blessures (je recommande vivement Lise Bourbeau, qui aborde les différentes blessures et les masques que l'on se crée pour les cacher)
Prendre soin du soi.

Et dans un second temps, il y a le soin aux relations, les actuelles et les futures.
Et la fameuse responsabilité de la prise de conscience des dysfonctionnements.
On ne peut aimer bien l'autre que quand on s'aime soi-même en premier lieu.
Ouvrir les yeux sur les liens toxiques.
Trier.
Laisser partir ceux qui vident.
Trouver sa propre sécurité affective.
Accueillir de nouveaux liens, sains, qui nourrissent.
Les chérir.
Communiquer.
Grandir ensemble.
Prendre soin du soi, pour finalement prendre soin du Nous.
Et créer la relation consciente, mais ça, c'est une autre histoire, à découvrir dans "Vivre/Vieillir et Aimer"...
















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