Cercles de femme et sororité : de dubitative à convaincue
Je suis féministe.
Je ne suis pas anti-hommes : je suis pro reprise de leur propre pouvoir
par les femmes elles-mêmes.
Jusqu’à récemment, je pensais agir en ce sens dans mon coin.
Politique, moto, militantisme… J’allais là où étaient les hommes pour prendre ma
place dans ce monde patriarcal.
En parallèle, mon éducation envers mes filles allait dans le même sens : « mes
filles, soyez et restez libres de vos actes et vos paroles »
Je voyais bien passer ces trucs de « tentes rouges »
ou « cercles de femmes ».
Mais ça ne me parlait pas.
Pas encore.
Je sentais que les choses avaient déjà un peu bougé en moi
quand je me suis mise à ne plus jalouser les femmes qui osaient, mais à les
admirer, à m’en inspirer.
Merci les réseaux sociaux pour ça (Marie s’infiltre, cœur sur toi, je te
détestais, maintenant je te kiffe)
Mais je ne ressentais pas le besoin de me réunir entre
porteuses d’utérus pour échanger sur les problématiques féminines.
Mes actes me suffisaient, pensais-je.
Evidemment, l’univers est venu me montrer que j’étais à côté
de la plaque.
Il y a quelques temps, j’écrivais un texte qui relatais
comment j’avais été guidée à retrouver la maison de mes arrières-grands
parents, et à renouer avec la sœur de mon grand-père.
Depuis, les choses ont évolué, d’une part parce que la
plupart des hommes de la famille sont morts, mais car d’autre part, nous avons
peu à peu retissé les liens avec cette branche haut-ligérienne et paternelle de
mon arbre généalogique.
Je dis nous, car c’est un travail d’équipe.
Une équipe féminine.
Ma mère, ma tante, ma cousine, moi, et ma fameuse grande-tante Jeanine de 94
ans.
Il y a quelques semaines, l’occasion s’est présentée de nous
retrouver là-bas.
Ma mère était dispo.
Ma tante était dispo.
Ma cousine était dispo.
J’étais dispo.
Même mes filles étaient dispos, elles qui ne connaissent rien de nos racines de
ce côté-là.
Et fait notable, elles avaient envie de venir. Hors de question pour moi de les
forcer, en raison du temps de trajet ou du désintérêt d’Anaëlle pour les
personnes âgées.
Mais elles avaient envie de venir, elles voyaient bien mon attraction pour
cette fameuse petite maison en pierres où leur grand-père avait passé une
partie de son enfance.
Ce jour-là, les planètes se sont alignées pour des retrouvailles
entre femmes.
J’allais même rencontrer une cousine de mon papa, et qui semble-t-il, aimait
autant cette maison en pierres que moi.
Un pique-nique rapide dans la maison de ma tante, un coucou
aux défunts en passant au cimetière et nous voilà débarquant dans ce petit
village près du Puy-en-Velay, dans cette maison où les souvenirs de mon arrière-grand-mère
travaillant à sa dentelle sur son carreau sont si présents en moi.
Il n’y avait qu’un représentant masculin, âgé de 8 ans, mon
petit cousin.
Ah si, et Pumpy.
Que des femmes, de 14 à 94 ans.
Des femmes qui avaient été séparées par des secrets de famille, des histoires d’héritage.
Créés par les hommes.
Soleil, clafoutis aux cerises, champagne…
Les ingrédients de base pour des échanges sans pudeur.
En quelques heures, tout est sorti.
Tous les non-dits.
Tous les secrets.
Tous les tabous.
Dans un climat incroyablement bienveillant, nous avons
toutes parlé, nous nous sommes toutes écoutées, nous nous sommes toutes
comprises.
Aucun égo.
Aucune rancœur.
Aucune déception.
Une bulle de douceur, une magie fabuleuse.
C’est comme si ensemble, nous avions nettoyé toutes les
zones d’ombre laissées par les actes que les hommes de la famille avaient
semées lors de leur existence.
C’était nécessaire.
Il a été difficile de partir, de rompre cet instant d’éternité.
Même pour Anaëlle (Jeanine l’a réconciliée avec les vieux).
Nous étions toutes à notre place.
Sur le chemin du retour, dans la voiture, le debriefing avec
mes filles et ma mère a permis de continuer à vibrer cette magie.
J’ai réalisé que nous venions de participer à un cercle de femmes.
ça m’a fait sourire.
Parce que je m’étais trompée.
Notre super pouvoir de femmes réside non pas dans l’action
individuelle, mais dans le collectif.
C’est là tout le rôle du Yin, de la Femme.
Celle qui a l’intuition, qui est connectée aux autres, au Tout.
Et donc indubitablement aux autres femmes.
Nous avons besoin des unes et des autres pour avancer.
Pour faire avancer.
Pour réparer aussi.
Pour nous entraider.
Pas contre les hommes, mais pour tous.
Les hommes, les Yang, ont besoin des femmes pour les guider, les femmes ont
besoin des hommes pour agir.
Tous dans une même direction.
C’est le truc de « derrière un grand homme, il y a
toujours une femme ».
L’un n’est pas supérieur à l’autre.
Nous sommes simplement complémentaires.
Je ne pense pas me tromper en disant qu’aucune de nous n’en
veut aux hommes de la famille pour ce qui a pu être dit ou fait. Ils ont fait
ce qu’ils pensaient devoir faire à ce moment-là.
Je suis contente que mon petit cousin ait pu assister à ce moment de sororité.
Et que mon frère n’ait pas pu venir, ce n’était pas sa place ce jour-là.
Mais quand il viendra, l’énergie aura changé.
Parce que oui, nous y retournerons.
Mélia a demandé à passer nos vacances d’été là-bas.
Ce sera le cas.
Je me réjouis déjà de pouvoir me reconnecter et connecter mes filles avec cette
terre de mes origines, me balader avec elles et Pumpy dans ces chemins, réapprendre l’art
de la dentelle avec ma grande-tante, et continuer à découvrir la cousine de mon
papa qui a cette juste étincelle de spiritualité qui a fait que nous nous
sommes reconnues toutes les deux.
Je ne sais pas si je participerai de moi-même à des cercles
de femmes plus « officiels », mais mon regard a considérablement
changé sur leur existence.
Quelle facilité pour toi de trouver les mots justes ,d'exprimer tout simplement ce que tu ressens ,de t'exposer. J'ai tout de suite aimé la belle personne que tu es .Tu as trouvé ta voie ,
RépondreSupprimerMerci beaucoup, je suis très touchée :)
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