Ligature...et déligature...

 Un retour d’expérience sur un sujet féminin et intime, mais étant donné que ce qui m’est arrivé est plutôt rare et méconnu, il pourrait aider d’autres femmes ou couples dans mon cas…

Il y a 5 ans, je me faisais ligaturer les trompes. J’avais fait un post facebook sur mon retour d'expérience, à la suite duquel j’avais reçu beaucoup de demandes de renseignements, d’avis, et pas mal de mes amies sont également passées par là depuis. 

Je pensais mon parcours gynécologique douloureux (syndrome des ovaires polykystiques, sous pilule dès 13 ans, 1 première intervention à 14, une hémorragie qui a failli me faire voir la lumière divine un peu trop tôt en 2014, et une grossesse sous stérilet/IVG il y a quelques années) derrière mois, avec la pose de ces clips.

La liberté pensais-je.

Durant l’année 2024, j’ai commencé à ressentir des douleurs ovariennes de plus en plus importantes, jusqu’aux vomissements et à l’incapacité de me mouvoir par période dès l’automne. 

Evidemment, warning, je pense kyste, je pense hémorragie, je pense « va consulter ».

Echo : rien.🤔

Du moins rien qui ne puisse apporter une explication à mes douleurs, moi qui ne suis pourtant pas douillette.

Une nuit, alors que je suis pliée en 2 au sol, j’ai un flash : ce sont mes clips. Ma ligature. Je dois faire enlever ça. Et vite.

Mon corps me le supplie.

Je me renseigne, la déligature des trompes est rare, mais ça peut se faire ( et hop, encore un truc qui ne se fait pas qu'Aurélie va tester pour vous 😅)

J’appelle le service qui m’a opérée, et incroyable, j’ai rdv quelques jours plus tard. 

La gynéco est adorable, et n’a pas d’explication rationnelle à ma douleur. 

L’IRM confirmera quelques jours plus tard que les clips sont bien en place, et que l’hypothèse d'une éventuelle balade de leur part au sein de mon système reproducteur est à écarter. 

Je lui demande de me déligaturer.

Elle m’explique alors que c’est possible, mais que dans 80% des cas, il faut enlever les trompes, les clips se trouvant pris dans les tissus au cours du temps.

Et en fait, ben non, je ne le souhaite pas.

Mon corps demande d’enlever un truc en trop, pas de repartir avec un truc en moins.

La gynéco entend ma demande de retrouver un corps de femme intègre, elle me dit qu’elle verra le jour J quand elle mettra le nez dedans. Mais elle me demande de bien garder en tête qu'il n'y a que peu d'espoir de repartir avec mes trompes.

RDV est pris pour le bloc le 13 février.

Quelques jours avant, je passe un pacte avec mon corps : ok, je vais te libérer de ce truc, je t’ai entendu, mais tu te débrouilles comme tu veux pour que je reparte entière. 

Jour J : Je suis très bien accueillie en ambulatoire, je suis zen, confiante. 

Je demande aux soignants de bien redire à la gynéco de garder mes trompes si c’est possible. 

Et c’est parti.

Anesthésie générale.

Quelques instants plus tard, je suis vaseuse, et j’entends « vous avez gardé vos trompes Madame ».

Je me sens sourire avant de sombrer à nouveau.

En salle de réveil, j’émerge doucement puis je demande à l’infirmière si je n’avais pas rêvé. Elle me confirme : « oui oui, vous avez bien gardé vos trompes ».

Yes.

1h plus tard, je retourne à ma chambre.

Et direct déboule la gynéco euphorique.

« J’ai jamais vu ça ! C’est comme si je les avais posés hier, j’ai juste eu à les déclipser ! Vous voulez les voir ? »

Et vla t’y pas que je me retrouve à analyser le contenu d’un petit bocal, dans lequel se trouvent 2 attaches-paquets de chips pour Barbie en métal.

Elle poursuit : « ça a duré seulement 15 minutes, et je ne peux même pas vous garantir que vos trompes soient bouchées, vous êtes potentiellement fertile à nouveau ».

Le soir, c’est heureuse et entière que je rentre chez moi. Pas en raison de ma fertilité retrouvée à 41 balais, mais d’avoir eu raison de croire en mon corps et d’éviter des suites opératoires bien + douloureuses.

Le mois suivant, lors de la consultation post-op, la gynéco a fait ses recherches : apparemment, j’aurais fait une allergie au nickel des clips. C'est rare, mais ça arrive.

Elle est très heureuse pour moi et ravie d’avoir pu répondre à ma demande. Et je la sens super fière d’avoir un truc nouveau à raconter en salle de garde.

Travail collectif entre elle, mon corps et moi.

Aujourd’hui, cela fait plus de 4 mois, et je n’ai plus aucune douleur.

Bref, si vous, ou si dans votre entourage se trouvent des femmes ayant subi une ligature des trompes par clip, et si elle présente des douleurs inexpliquées, vous pouvez penser allergie au nickel 😉

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