Chroniques crémolanes, épisode 3 : " Réunions publiques mon amour "

Ces chroniques sont issues de mes observations et de mon analyse personnelle, elles ne sont en aucun cas une vérité absolue.

Je souhaite simplement raconter et partager le regard que je porte sur mon environnement proche, à travers mon vécu et mon parcours. 

La semaine dernière avaient lieu les deux premières réunions publiques des deux listes opposées pour ces élections municipales anticipées de deux ans.

Lundi soir, pour la liste issue de l’opposition, vendredi soir pour celle sortante (j’ai du mal à dire celle de la majorité étant donné le fait qu’il ne reste pas grand monde de 2020 sur cette liste).

J’ai laissé passer du temps tellement j’ai relevé des signaux, positifs et négatifs, dans la manière d’aborder ces temps indispensables de rencontres avec les électeurs.
Tellement que je ne savais même pas par quoi commencer.

Finalement, c’est par l’angle de la forme que je vais aborder ce débriefing.
Par le regard que je vais qualifier de « professionnel de la transition », un titre un peu pompeux qui caractérise simplement le travail que je mène auprès des organisations de santé pour les accompagner dans leurs changements de pratiques managériales.
Je choisis donc de me placer dans la peau de la consultante, tiens.

Mais attention, gardez bien en tête que personne ne peut rester complètement objectif, certaines choses vont venir toucher une corde plus sensible que d’autres selon le vécu de chacun.

D’ailleurs, avant tout développement, il m’est important de préciser que je connais des candidats des deux listes, que j’ai côtoyés dans le milieu associatif, ou quand j’étais orthophoniste, des voisins, ou liés à la scolarité de mes filles. Il y a des personnes que j’apprécie de manière personnelle pour leurs engagements, leur intégrité. Et d’autres que j’évite, notamment pour leurs contradictions entre leur manière d’être en public à l’opposé de ce qu’ils sont en privé avec moi, allant parfois jusqu’à relever du pénal.
Je connais les deux têtes de liste, gravitant dans le même milieu associatif de la première et ayant été invitée à intégrer la liste du second en 2020 (j’ai refusé, exerçant simplement à Crémieu et ayant préféré la dynamique de la liste unique du village où j’habitais alors, et où j’ai été conseillère municipale avant mon emménagement à Crémieu).
Enfin, j’ajoute que malgré le fait d’avoir participé à la campagne 2020 en soutien à la liste d’opposition, je reste complètement en dehors de celle-ci, de manière volontaire. Je suis informée des actions en même temps que tout le monde.

Alors c’est parti pour l’analyse formelle de la tenue de ces deux réunions publiques !

Le timing

Déjà, je dois avouer que la communication autour de la réunion de lundi m’avait interpellée, étant donné qu’elle annonçait 1H pour nous parler de finances, de patrimoine, de santé et d’urbanisme.
L’idée de cadrer le timing, quand on sait combien ce type de réunion peut s’éterniser, et de développer l’ordre du jour, et ainsi n’attirer que des personnes intéressées par les sujets, était audacieux et intéressant.
J’attendais donc de voir si cette première promesse formelle aura été respectée.
Inutile de faire durer le suspense : oui, complètement ! Le timing a été tenu, le rythme était percutant.
La réunion a commencé avec 5 minutes de retard, ce que je juge acceptable.
Je suis partie dès la fin, sans assister au moment convivial.

Forcément, ayant constaté que oui oui, il est possible de faire une réunion publique efficace en 1h, c’est dans cet état d’esprit que je suis allée à la réunion de la seconde liste.
Déjà, ils n’ont pas marqué des points dans mon petit cœur de consultante quand ils ont démarré avec 20 minutes de retard. J’y ai vu un grand manque de respect pour les personnes qui se sont déplacées à l’heure, et donc envers moi.
Là, encore, je ne vous imposerai pas un suspense insoutenable : je ne sais pas combien de temps la réunion a duré. Je suis partie au bout de 45 min, j’y reviendrai.

La disposition de la salle

La réunion de lundi a bousculé les codes habituels dans la salle du conseil municipal.
L’écran, et donc les regards, devaient être tournés à l’opposé de la place habituelle du maire. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.
Déjà, ça annonce la couleur : cette liste ne veut plus faire comme avant.

A l’inverse, et de manière logique, la liste sortante a respecté le regard porté vers la figure patriarcale du maire, et ce qui à mes yeux traduit parfaitement mon ressenti général autour de ce que me renvoie globalement cette liste : le « on a toujours fait comme ça ».
Toutefois, cette seconde liste a marqué un point également : avoir disposé un dépliant explicitant leur programme sur chaque chaise, à l’instar du missel pour la messe. Du point de vue de la forme, c’est plutôt bien joué. Je me suis effectivement d’abord dit que cela permettrait à chaque participant d’approfondir les thématiques qui n’auraient pas pu l’être lors de la réunion.
Mais ça c’était avant de le lire. Cela pourrait faire l’objet d’un article entier tellement cela traduit des travers politiques. Je découvrirai alors au fil de la réunion que ce dépliant n’est que la traduction papier des tentatives de manipulation (inconscientes évidemment !) que j’ai relevées sur le fond à l’oral.

À la louche, de visu, la salle était plus que pleine pour la première, quand il restait de nombreuses chaises vides pour la seconde.

L’entrée en matière

La première réunion a été ouverte par sa tête de liste, pour une courte introduction de 5 minutes. Une présentation rapide, le pourquoi on est là ce soir, suivi d'exposé de valeurs personnelles. 

La seconde l’a été par un candidat de la liste, « maître du temps ». Là encore, c’est plutôt une bonne idée. Toutefois, il paraîtrait plus judicieux de nommer à cette place une personne extérieure. Je n'imagine pas le petite GabyAttal couper le présidieu Macron quand il pérore. Ben là c’est pareil. Cela dit, je ne suis pas restée jusqu’au bout, sait-on jamais ! Je serais d’ailleurs heureuse d’être contredite !
Il ne semblait pas y avoir de maître du temps pour la première liste, cela semblait orchestré de manière collective et bienveillante discrètement.

Le maire sortant a ensuite pris la parole pendant un bon quart d’heure. Un quart d’heure de généralités, de ce qui m’a semblé être des flatteries, des banalités sans sources. Là encore, je ne m’attarderai pas sur le fond (et c’est dur, croyez-moi !!!).
Mais comme je suis pointilleuse, je vais vous proposer une phrase issue de la bouche du maire sortant, et analysons-la, sur la forme, et sur ce que ça en dévoile, voulez-vous.
« Tous les automobilistes qui traversent Crémieu aimeraient aller voir à l’intérieur de la cité car elle est attractive (ou un truc du style) ».
Tous les automobilistes. Hein ?!
Là, si on m’avait balancé ça dans mon cadre professionnel, j’aurais directement répliqué : « avez-vous parlé à TOUS les automobilistes ? Ou sinon vous avez un sondage qui dit que 100% des gens au volants de leur voiture qui traversent Crémieu chaque jour de l’année sont attirés par la cité de Crémieu ? »
Déjà, sur le plan de la forme, c’est un mensonge. Point.
Cela traduit simplement l’absence de réelle justification, qu’on cache derrière des « tout le monde pense que » ou « on sait bien que ».
Je ne demande qu’à avoir tort : monsieur le maire pourrait-il arrêter chaque automobiliste une seule journée et leur poser la question ? 

Cela peut faire sourire, « ah ça va, Aurélie, c’est qu’un détail, c’est une manière de parler ! » . Sauf que des détails comme ceci, il y en avait pléthore. Comme de partout finalement. On est tellement habitués à cette manière de faire qu’on ne voit pas la manipulation derrière.
Tiens on dirait super présidieu qui a balancé ces derniers jours qu’il veut un devoir de visite pour les pères car « un enfant qui ne voit jamais son père, c'est un enfant qui se sent abandonné, un enfant dont le développement affectif et éducatif n'est pas le même ». Déjà, mec, t’as pas d’enfant, t’es même pas père. Ensuite ben c’est ta parole contre mon vécu de mère solo. Et pas d’bol, je pense pas pareil. Du coup ben je t’écoute pas. (ça se voit que j'ai un grief perso contre lui ?!)

Un autre terme m’a mis la puce à l’oreille : « nous faisons POUR Crémieu ». Non, monsieur le Maire, derrière Crémieu, il y a des crémolans, des humains, dont les visions sur Crémieu divergent pour un tas de raison.
Dire « POUR Crémieu », ça sonne aussi mal qu’un « POUR la France » à mes oreilles quand aucun français ne vit la même réalité.

La présentation des colistiers

Les candidats pour la première liste se sont présentés rapidement, factuellement, et tous ont terminé par « et j’habite à Crémieu ». Pas d’ordre particulier.

Pour la seconde liste, cela a débuté de la pire des manières à mes yeux : « l’honneur aux dames ». Si j’avais encore un doute sur l’emprise patriarcale de cette liste, il a été balayé d’un clin d’œil par cette phrase.
Nous avons entendu beaucoup de « je remercie monsieur le Maire pour sa confiance », « je suis honorée d’être dans cette liste » mais peu d’affirmation de « j’habite à Crémieu ».
Pour moi, il est simplement illégitime de prétendre représenter des habitants d’une ville qu’on n’habite pas. C’est ce qui a d’ailleurs motivé ma démission du conseil municipal de mon village précédent.

J’ai ressenti une réelle cohésion entre tous les candidats de la première liste, on sentait les heures de réunion derrière, de moments conviviaux, de confiance.
Pour la seconde, j’ai parfois eu l’impression que c’était la première fois qu’ils se retrouvaient tous ensemble. On aurait dit un conseil des ministres juste après nomination par Présidieu 1er ( les ministres ont été informés la veille au soir de leur nomination en 2022). Comment faire confiance à des personnes censées appliquer un programme auquel il n’ont pas contribué de A à Z ? Faudra que je revienne sur cette histoire de confiance et de co-construction tiens…

Le développement des idées

En ce qui concerne la première liste, chaque thématique était traitée de la même manière : les constats objectifs et sourcés, et les propositions, à chaque fois replacées dans le contexte d’une mandature de 2 ans.
C’était concret, envisageable, je pouvais me projeter. J’avais toutefois envie d’en savoir davantage sur certains points, un peu frustrant. Mais c’était le timing qui voulait ça, ce sera à moi d’aller chercher les infos si besoin.
J’ai apprécié que tout soit basé sur des faits incontestables et vérifiés, et que tout jugement personnel face au bilan du maire précédant soit évité. Une tentative a été faite par un participant, mais cela a été balayé par la candidate au micro. En gros, oui, il y a eu des dérives auparavant, on est tous d’accord, mais maintenant, on avance.
Tout était abordé sur l’angle du « nous ferons avec vous » et non « nous ferons pour vous »

Pour la seconde, j’ai eu un haut le cœur quand j’ai vu s’afficher la liste des thématiques à aborder. Je n’ai pas compté, mais il y en avait entre 8 et 10.
Mais je suis joueuse, je laisse sa chance au produit comme on dit. J'aime qu'on me surprenne.
1ère thématique : l’associatif et le sport. Là encore, je vais rester sur la forme.
Nous avons eu droit à un état des lieux du nombre d’associations et d’équipements sportifs. Et de ce qui a été fait par la commune pour les associations. Soit. Rien de nouveau. Mais après ? Hormis « on veut continuer à les soutenir », je n’ai pas entendu d’acte réel, innovant, qui me donne envie de placer leur bulletin dans l’urne.
Deuxième thématique, à laquelle je tiens personnellement, le CCAS.
C’était la même. Nombre de bénéficiaires, volonté de poursuivre l’action. Pas de proposition réelle sur la forme.

Et alors a été sortie la phrase qui m’a fait partir : « nous voulons continuer à œuvrer pour les plus démunis ».
Déso, pas déso, pour le coup, je suis plutôt une connaisseuse du milieu, formant les élus de CCAS. Non, ce n’est pas l’objet d’un CCAS. C’est une des missions, oui, de soutenir les personnes en situation de précarité. Appeler ces personnes « démunies » est un jugement de valeur, et c’est condescendant. Un élu au CCAS n’est pas supérieur à une personne qui nécessite le soutien du CCAS. 
C’en était trop pour moi. J’ai attendu le changement de thématique et je suis partie.

Peut-être qu’il y a eu de supers propositions après. Peut-être que le maire a fait un mea culpa sur son précédent mandat. Peut-être que j’aurais été convaincue par d’autres choses.

Mais la forme ne m’a pas envie d’aller creuser le fond.

C’est plutôt mal parti pour obtenir ma confiance avec cette liste.

Affaire à suivre …









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