Ôde à la flemme

 La flemme n’existe pas

Je sais, je jette un énorme pavé dans la mare quand je balance ça tout de go.
Oui, j’assume complètement mon propos : LA FLEMME N’EXISTE PAS.

Oui, oui, même pour toi l’ado qui passe ses journées allongé au milieu de papiers vides de barres de céréales et de linge non rangé.
Oui, oui, même pour toi l’homme ou la femme qui préfère ne pas regarder la pile de vaisselle pour aller scroller Facebook sur ton canapé.
Et oui, aussi, pour toi, le sportif accompli qui a sa prochaine course dans 1 mois mais qui ce soir, préfère la chaleur de son foyer à l’humidité des sous-bois.

Quand j’explique ça aux personnes que je forme -généralement ça arrive juste après « les caprices ça n’existe pas » mais on en parlera une autre fois, ça vaut son pesant de cacahuètes aussi – j’ai droit à, dans le désordre : des ricanements, des yeux levés au ciel, des soupirs, des haussements de sourcils. Une fois, j’ai entendu un « Merci !!! », mais ça reste plutôt rare au début de mon propos, le « Merci » arrivant généralement à la fin de la journée de formation.

« Flemme ». Ce terme est complètement négatif. On pourrait lui préférer paresse, mais c’est pas encore méga positif.

Parmi les synonymes possibles, je crois que mon préféré est celui de « flânerie »

« Flâner » : Se promener sans hâte, en s'abandonnant à l'impression et au spectacle du moment.

Cette définition est sublime.

Se promener, errer, se poser.
S’abandonner au spectacle du moment.
C’est être dans l’instant.
Juste dans l’être.
Ce qu’on peut appeler la pleine conscience finalement.
C’est s’écouter.
C’est se faire du bien.
C’est s’aimer.

Oui, la flemme, c’est juste s’aimer.

Le problème, si c’en est un, c’est que la flemme est devenue une justification, une excuse. « J’ai la flemme d’aller à cette réunion » « j’ai la flemme de m’occuper des repas » « j’ai la flemme d’aller à la salle de sport ».
Et le sur-problème, si c’en est toujours un, c’est le sur-accident généré par cette utilisation du terme flemme : la culpabilité, la honte, le mensonge…

En vrai, si tu as la flemme d’aller à cette réunion, c’est peut-être que tu t’y sens mal à l’aise, que tu ne t’y sens pas à ta place, ou que ton avis n’est pas écouté. La flemme t’évite juste de passer un mauvais moment.
Si tu as la flemme de t’occuper des repas, c’est peut-être parce que ta charge mentale est trop élevée, ou que tu aimerais partager ces moments avec les autres membres de ta famille.
Si tu as la flemme d’aller à la salle de sport, c’est peut-être parce que ton corps n’est pas en capacité de subir une séance.

Ce qui importe au final, c’est de comprendre les raisons profondes de cette « flemme ».
Se cacher derrière ce terme empêche toute réflexion et évolution.
Et ça se reproduira ad vitam aeternam.

S’interroger sur le pourquoi de cette « flânerie » à ce moment-là est bien plus constructif.
Les situations de « flemme » se reproduiront de moins en moins.

Les sentiments et actes négatifs associés se tariront.
On a tous trouvé des excuses mensongères pour justifier un instant de flemme. Perso, ça m’est toujours retombé dessus. Un mensonge se sait toujours.

Analyser sa flemme permet d’être bien plus authentique.
« Le mail n’est pas arrivé » « ma grand-mère est morte » « y’a eu un cyclone dans mon salon » « mon chat est mort » «  c’est mercure retrograde » « mon pangolin est mort ».
Ah des excuses on en a, hein. Mais multiplier les excuses c’est juste reproduire la situation mensongère jusqu’à ce que ça explose .

Un bon « en fait, je n’ai pas envie de venir à la réunion, je ne m’y sens pas à ma place » est bien plus respectueux de soi-même et des autres. Et surtout, les choses seront différentes la prochaine fois.
Après, cela sous-tend de régler d’autres blessures, mais ce n’est pas l’objet de ce billet.

Soyons flemmards. Soyons flâneurs.

Ainsi, il sera possible de finalement être toujours à la bonne place, celle qui permet de s’abandonner au spectacle du moment.

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