Hier, j’ai emmené mon chien à l’EHPAD
Je sais, je vous ai habitués à des titres bien plus travaillés, des teasings, des jeux de mots…
Là, je décide de vous poser ça comme ça. C’est à la fois le
début, le milieu et la fin de mon histoire.
Je vais tâcher de romancer davantage pour que vous
compreniez où je veux en venir.
Hier, ma chère Mamie fêtait ses 92 ans. Elle vit depuis
plusieurs années dans un EHPAD dans lequel elle se sent bien et où Alzheimer arrive
à se faire discret.
Marie - c’est le prénom de ma chouette grand-mère - était un peu fatiguée. C’est
pourquoi il n’était pas envisagé de la sortir pour qu’elle souffle ses bougies.
RDV était pris pour la retrouver à l’EHPAD.
D’ordinaire, quand ma Mamie sort, c’est chez ma maman que je
la retrouve. Et c’est tout naturellement que je viens avec mon fidèle Pumpy.
Marie, elle aime les chiens. Elle les adore. Ils lui rappellent son chien
Rosette.
Mes compagnons canins successifs ont toujours été d’une douceur absolue avec ma
Mamie. Et pourtant, en plus d’être courtisée par Alzheimer, ma chère Mamie
avance dans la vie avec une valise un peu lourde de maladie auto-immune qui la
fragilise au plus haut point. Un geste brusque et elle se brise telle du verre.
Si mes chiens pouvaient être des diables sortants de leur boîte en sautant du
coffre de la voiture, c’est toujours avec une délicatesse maîtrisée qu’ils
allaient chercher les caresses de Marie en glissant leur truffe sous ses
paumes.
Pumpy ne fait pas exception.
Ce beau bébé croisé berger allemand/husky a fait irruption dans ma vie il y a 3
ans, après avoir passé 1 an enfermé.
Il fait preuve d’une résilience incroyable.
J’apprends tous les jours de ses capacités à entrer en interaction, à exprimer ses
besoins et à ne tirer que le meilleur de chaque situation.
Depuis quelques temps, j’ai même la conviction qu’il a un
réel rôle à jouer auprès des autres chiens et de leurs maîtres.
Je me permets une digression dans mon histoire originale pour illustrer mon
propos :
Dans mon petit village, il y a une rue que je fréquente régulièrement avec
Pumpy. J’y reste même souvent dehors.
J’avais bien repéré cette dame avec son petit chien à la race indéfinissable. J’avais
bien vu que dès qu’elle nous voyait au loin, elle préférait prendre un rallongi
(oui oui, un rallongi).
Une fois, elle s’est fait surprendre, elle nous pensait absents, et a dû
affronter notre présence. La peur lui a fait prendre son chien dans les bras et
passer devant nous en mode F1.
Pumpy, qui était couché, n’avait pas bougé un cil.
Il semble que la non réaction de mon chien l’ait quelque peu rassurée.
C’est alors qu’une autre fois, elle s’est de nouveau retrouvée acculée dans
cette rue. Pumpy et moi avions senti qu’elle prenait sur elle pour ne pas agripper
son chien.
Elle a alors longé le mur d’en face.
Pumpy, toujours couché, observait simplement.
La dame m’a regardée, et a dû se sentir obligée de se justifier en disant « J’évite
les autres chiens, elle a peur ». Sauf qu’en vrai, cette petite chienne
manifestait tout sauf de la peur. Evidemment, c’était sa maîtresse qui était
terrorisée.
J’ai juste répondu dans un sourire « je fais confiance à mon chien et à
votre chien pour gérer ça ».
ça a dû faire mouche, puisque la dame a laissé du mou sur la laisse et a
autorisé sa petite chienne à dépasser les peurs de celle qui tenait la laisse.
S’en sont suivis reniflages, petits sauts de joie et nœuds de laisses.
Et c’est tout.
Quelques temps plus tard, j’étais à nouveau dans cette rue,
mais sans Pumpy.
Cette dame arrive, avec sa petite chienne.
On échange quelques banalités et vla-t’y pas que la chienne s’assoit au milieu
de la rue. Impossible de la faire bouger. Elle cherchait Pumpy ! Sa
maîtresse était désarçonnée devant le comportement de son animal.
Pumpy, d’abord par sa simple présence bienveillante, puis par son absence avait
aidé cette dame à dépasser sa peur par l’intermédiaire de sa chienne.
Bref, pourquoi cette digression ?
Et bien parce qu’hier, j’ai choisi d’emmener Pumpy à l’EHPAD
pour partager ce beau moment avec ma Mamie.
C’était la première fois qu’il y allait.
A aucun moment je me suis dit qu’il allait y être interdit. Ma Mamie est chez
elle là-bas.
Mamie m’attendait dans le salon dans l’entrée, avec ma maman.
Un beau sourire s’est formé sur les lèvres de ma grand-mère à la découverte de
mon compagnon.
Pumpy, qui jusqu’à ses 3 ans avait encore du mal à pénétrer des espaces clos,
se sentait étrangement à l’aise dans ce grand hall.
Les visiteurs ont notamment bénéficié de son enthousiasme à leur arrivée.
Mais et surtout il a finalement passé un long moment à être
câliné par les résidents et les professionnels de l’établissement. Et je crois
qu’il a kiffé autant qu’eux.
Cela fait un petit moment que je m’interroge sur le fait d’emmener
Pumpy avec moi lors de mes déplacements en établissement.
Aujourd’hui, je ne m’interroge plus.
Je m’ôte cette barrière.
Quand je vois cette capacité à aider à l’interaction entre
les humains, j’ai compris le beau lien que Pumpy forme à sa manière. Et le
lien, la communication, la bienveillance, le non-jugement font partie des
piliers de mon activité.
Je ne suis pas une professionnelle de la thérapie par l’animale.
Je suis une professionnelle du lien humain.
Désormais, je m’autorise à disposer d’une nouvelle
corde à mon arc, et pas des moindres : mon compagnon du quotidien.
Bientôt les chroniques de Pumpy dans les EHPAD ?
🥰
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