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Paris Gare de Lyon

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 Je devais rentrer de Paris ce matin à l’origine. Et le silence de l’ami chez qui je devais dormir m’a poussée à changer mon train et rentrer le soir-même, m’empêchant de participer au cocktail dînatoire qui aurait pu m’aider à nouer de nouveaux contacts professionnels. Je me doutais qu’il y avait une bonne raison pour que les plans changent. Une rencontre, qui n’aurait pas eu lieu si je m’étais entêtée à chercher un hébergement sur Paris (avec tout ce que ça comporte de perte financière ou de désagrément pour les copains qui devraient s’adapter à mes contraintes) est venue me le confirmer. En montant dans le train pour hier, je pensais déjà au contenu que je pourrais créer suite à cette journée riche qui s’annonçait. J’imaginais un post plein de photos, de personnes tagguées, de phrases chocs. Bref un truc Linkedinesque. Et pourtant, en montant dans le train retour, c’est pour écrire un texte à l’exact opposé de ce que j’avais envisagé quelques heures auparavant. Un con...

Zaïa, étincelle

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 Zaïa est morte. Son corps n’est plus. Pourtant elle est partout. Elle est sur tous les réseaux sociaux. Elle est dans les commentaires des personnes qui s’y expriment. Elle est dans la mobilisation des professionnels de l’EHPAD de Crémieu que j’arpente si souvent. Elle est dans les paroles des habitués du café que je fréquente. Elle est dans le regard de ses amis que je côtoie. Elle est là. J’ai mis le temps avant de pouvoir m’exprimer sur ce sujet, moi si prompte d’ordinaire à vite analyser ce qui se passe autour de moi. Pourtant, j’avais tout pour le faire, dans mon regard d’alchimiste sociale. Un évènement terrible qui touche ma cité, mon laboratoire d’analyse à ciel ouvert. Un lieu de travail dans lequel je connais nombreux acteurs. Des relations m’ayant permis de suivre dès les premiers instants, quasiment en temps réel, le ressenti des personnes ayant connu Zaïa. Un contexte professionnel qui me fait travailler justement sur le sujet sociétal hommes/femme...

Nos utérus, nos (mauvais) choix

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 A l’origine était l’équilibre. La femme et l’homme. Deux opposés complémentaires. La femme, le réceptacle, l’intériorité, l’être. L’homme, le bâtisseur, l’apport extérieur, le faire. Destinés à procréer, à faire du 1+1 =3. Et puis ça a merdé. Pourquoi ? Parce que c’est le but de la vie : expérimenter, améliorer, tenter, échouer, et peut-être réussir. Essais-erreurs, cycles. Dans notre cycle à nous, c’est le patriarcat qui a été tenté. Coupé de sa source, déconnecté des cycles de la nature et du temps par la sédentarité et la maîtrise illusoire des ressources naturelles pour (sur)vivre, l’homme s’est détaché de son guide naturel qu’est la femme, et a mis son pouvoir d’action non plus au service de sa procréation complémentaire avec elle, mais dans le contrôle de son corps, à l’image de ce qu’il a tenté de faire avec le reste de son environnement. La femme, surveillée, contrôlée, emprisonnée, n’avait plus que son propre utérus et la maîtrise de ce dernier co...

Le chemin

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Un début, et une fin. Un point de départ, une arrivée. Entre les 2, un parcours, une route, un chemin. La vie n'est qu'une succession de différents tracés. Tous initiés par une rencontre.  Avec une personne ou une situation. Ce qui va nous faire prendre à droite ou à gauche. Parfois consciemment, parfois inconsciemment. Parfois nous savons avant pourquoi prendre cette direction, parfois nous le découvrons plus tard.  L'important est de suivre, de se suivre. Tout est mouvement. La stagnation n'existe pas, la Terre continue de tourner même si nous nous pensons en pause. Nous avançons malgré nous. Parfois, nous cherchons à anticiper nos pas. Par peur de tomber. Parfois nous les retenons. Par peur de nous tromper.  Et un jour, on lâche. On lâche la prise sur l'avant et l'après. On arrête de chercher le sens.  On y va. Même si c'est confus, même si c'est dérangeant. Alors, on avance, on découvre le rythme qui nous est simplement proposé. Simplement. On pr...

Réfléchir...

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 Ce terme prend un tout nouveau sens pour moi depuis quelques temps… Jusqu’à il y a peu, pour moi, la réflexion post action était un acte de notre mental. Mental qui rejouait les scènes vécues, et qui pouvait nous bombarder de « j’aurais dû faire ça » ou « j’aurais dû dire ça ». Bref, une pollution cérébrale inutile parce que ce qui est passé, est passé. Terminé. On ne peut pas revenir dessus. Je privilégiais donc la réflexion pré-action. Celle qui permettait de ne pas agir dans l’émotionnel, de mesurer l’action. Mais au final, je percute que ce n’est pas mieux. Puisqu’on est dans l’anticipation, la planification. Et donc dans le doute. Doute qui peut être un frein à l’action. Cette dernière semaine, j’ai pris le temps de vivre. Juste vivre. Me laisser guider par mes pieds, mon corps. Ecouter ma faim, ma fatigue, mes envies. Ressentir ce qui m’était amené. Ecouter, voir ce qu’on me proposait. Être avec les personnes qui m’apportaient la pa...

15 octobre, sainte-Aurélie

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Jusqu'à début décembre 1983, je devais me prénommer Nathalie. C’est Papa qui était chargé du choix de mon prénom. Un beau jour de décembre, la radio annonce la liste des prénoms les plus donnés en 1983. Sur la 1ère marche trône « Aurélie ». Papa se dit alors « Ah Aurélie, c’est beau Aurélie ! Allez, elle va s’appeler Aurélie ». C’est alors que le dernier jour de 1983, une nouvelle Aurélie est venue consolider le leadership du prénom au niveau national. En grandissant, j’ai vite compris ce que c’était de vivre avec le prénom le plus donné lors de son année de naissance. A l’école, je n’étais pas Aurélie, j’étais Aurélie A. Je n’ai jamais été la seule. En seconde, sur 35 élèves, nous étions 7 Aurélie. 1/5 de la classe. J’ai même envisagé de monter un syndicat, autant profiter de la force du nombre pour peser dans les décisions collectives, non mais. Ce n’est pas que je n’ai jamais aimé mon prénom, mais jamais il ne m’avait fait sentir spéciale, ou unique. Ce sentiment s’est adouci le...

Hommage à celui qui a permis la plus belle rencontre de ma vie

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 J’allais sur mes 20 ans quand j’ai rencontré Julien. Il venait avec son jeune cheval prendre des cours dans le nouveau centre équestre que je venais d’intégrer. Il avait l’âge de mon père. Il me faisait rire avec ce petit cheval, qui me faisait penser à un gosse avide de découvrir la vie, et qui faisait toujours le contraire de ce que Julien lui demandait. Et pourtant, je les trouvais touchants tous les deux, Julien riait des facéties de sa monture sans réellement lui en vouloir. Il y avait une belle complicité entre ces deux-là. Un jour où son cheval était particulièrement inattentif, je vois Julien s’agacer, puis être dépité. Je lui demande si ça va aller… Il me répond « oui, mais je vois bien que je n’ai pas le temps de le monter, j’ai échangé ce cheval contre une moto, je me disais que mes enfants pourraient monter, mais aucun des 3 ne s’est mis à l’équitation. » Et là, je m’entends lui répondre sans réfléchir, en rigolant : « ah ben si tu veux, m...