Pour vivre en paix, vivons discrets
Il y a quelques jours, je me suis pris un nouveau mur dans la tronche.
Un évènement en apparence insignifiant qui a pourtant eu l’effet
de la goutte venant faire déborder une coupe bien trop remplie.
Le truc qui vient faire exploser la jauge.
Et t’oblige à regarder quelque chose que tu ne pouvais pas
encore voir.
Le point de départ a été ce que je pensais être un geste d’apaisement.
Un mail.
Mon intention était pacifiste.
La réaction en face a été l’opposition totale.
Ma propre réaction a été l’incompréhension.
Comment l’énergie de paix que je souhaitais déposer alors a-t-elle pu être
reçue comme une déclaration de guerre ?
Pour moi qui ne vois que le beau en chacun, qui n’aspire qu’à un vivre ensemble
en harmonie, qui aime tout le monde, ça a été la douche glacée.
Alors j’ai pris du recul.
Fidèle à mon cheminement introspectif, je me suis demandé ce que ça venait réveiller
en moi.
Ah ben ça a été rapide.
Il m’a suffi de confronter ma réalité, mes relations humaines, les échanges que
j’ai avec de vraies personnes, basés sur des regards croisés et des réelles
connexions à un instant T, à une réalité virtuelle, celle qui se matérialise
par des échanges indirects à base de mails, de messages ou de publications sur
les réseaux sociaux.
Avec une temporalité différente.
Je m’étais complètement plantée.
L’illustration a été mon profil Facebook.
Cette page où j’avais fait le choix de quasi tout dévoiler de moi, en public.
Ben ouais, je pensais alors qu’en me montrant à qui venait le visiter, telle
quelle, à nu, était une bonne chose.
Ego.
J'ai réalisé qu'inconsciemment, je pensais inspirer les gens à se regarder eux-mêmes.
En disant ce que je pense, en me dévoilant à cœur ouvert, en me montrant telle
que je suis.
Dans la réalité, c’est bien ce qu’il se passe, au vu des retours
que j’en ai.
Mais imposer, même involontairement, aux gens de se regarder eux-mêmes peut être vu comme une agression.
Je ne me suis jamais fiée aux « j’aime » sur mes publications.
Il m’arrive régulièrement de lire une publication, de réfléchir à ce qu’elle m’inspire,
sans pour autant la liker. Non pas que je ne l’aime pas, mais parce qu’elle a
fait le job, rien qu’en apparaissant sous mes yeux.
C’est quand Facebook m’a passée sans me le demander en
profil professionnel en m’octroyant des outils évaluatifs via les statistiques
que j’ai pu mesurer cet aspect.
Une publication à 3 likes vues plus de 700 fois.
Il y a quelques temps, cela m’allait, je me disais alors que
le message transmis par ma publication était passé, imaginant les autres
fonctionner comme moi : « j’ai vu, et je trace ma route ».
Je ne cherche ni reconnaissance ni validation.
Sauf que.
En publiant de manière ouverte à tous, je venais percuter d’autres
personnes.
Celles qui ne l’avaient pas choisi, en parlant de deuil par exemple, ou
simplement en montrant des choses qui pour elles étaient impossibles, ou qui ne
se faisaient pas selon leur croyance du moment. Evidemment, quelques-unes s’en sont
inspirées, et celles-ci sont venues me le dire de manière personnelle. Mais d’autres
ont pu en être blessées.
Et puis il y a une autre catégorie de personnes. Celles qui
viennent par curiosité, pour voir ce que je dis, où j’en suis. Lorsque la page Facebook passe en profil professionnel, on voit qui regarde les
storys. les amis, les "followers", et les "non followers". Je sais donc exactement qui vient voir mon profil.
Je ne pense pas que la curiosité soit un défaut. La curiosité est la
manifestation d’une attraction, simplement. La personne vient chercher quelque
chose.
En mettant mon profil en public, j’avais accepté ce fait.
Sans savoir qui venait, ça m'était égal.
Mais.
Grâce à cette petite goutte d’eau, j’ai réalisé que je
nourrissais du négatif. Je réactivais des blessures chez certaines personnes.
Y compris chez moi.
Je ne sais pas quelles sont les intentions des personnes qui viennent visiter mes publications.
Si mon envie de partager qui je suis aujourd’hui a pu créer
inspiration, envies, partages, nouvelles idées, elle peut également nourrir peurs,
jalousies, colère, rancœur.
Je ne le prends plus personnellement, chacun est responsable de ce qu’il
ressent, nous possédons chacun la responsabilité de notre bonheur ou de notre
souffrance.
Et il ne m'appartient pas de juger les actes de chacun.
Toutefois, j’ai pris conscience de ce fait.
Et je suis responsable de la réalité que je crée autour de moi.
Et s’il y a un besoin que je souhaite combler, c’est cette volonté de paix autour de moi.
Je ne veux plus être responsable de la réactivation de blessures personnelles
si j’en ai conscience.
Mon besoin d’apaisement passe aujourd’hui par le respect de l’autre et de ses
blessures personnelles.
Alors après quelques jours de repli des réseaux sociaux, j’ai donc changé ma manière de les utiliser.
J’ai passé bon nombre de mes publications à caractère
personnel en privé.
J’ai laissé celles qui me paraissaient pertinentes et qui véhiculaient des
valeurs davantage collectives qu’intimes.
J’ai accepté de nombreuses demandes d’amis que je refoulais jusque-là en le
justifiant alors par le fait de n’accepter que des personnes que je connaissais
en vrai.
J’ai changé d’avis. Si ces personnes ont été attirées vers moi, vers
ce que je proposais, vers ce qu’on leur a peut-être dit de moi, et qu’elles
font le geste de se manifester directement, pourquoi les repousserais-je ? Ne dit-on pas qu'on attire ce que l'on vibre ?
Au moment où j’écris ces lignes, je fais le choix également
de ne plus publier mes textes en intégralité sur mes réseaux sociaux.
Je n’effacerai pas mes publications, cela reviendrait à tenter d’effacer mon
passé, ce qui est une illusion et du contrôle à mes yeux. Elles restent
accessibles pour ceux qui font partie de mes « amis », anciens et nouveaux. C'est ce que j'ai été. C'est ce que je ne montre plus de la même manière.
Je fais également le choix de ne plus faire de publicité via storys ou phrases
clés pour des publications que je juge personnelles.
Je verrai au fil du temps comment j'évolue sur ce sujet.
L’adresse de mon blog personnel, celui-ci, est accessible publiquement sur mes informations « à
propos » ou sur mon site internet.
Là où avant je publiais ouvertement sans m’interroger sur l’échelle
de la diffusion, je prends désormais le temps de me demander ce que je
partage, pourquoi je le partage et à qui je le partage.
Je prends le temps de me préserver, de faire le choix de la paix, de me choisir.
Ceux qui voudront me lire le feront, ils sauront où
trouver mes textes.
Ceux qui voudront me voir le feront, ils sauront où trouver mes vidéos.
Ceux qui voudront m'écouter le feront, ils sauront où me voir en conférence ou formation.
Ceux qui voudront me rencontrer le pourront, ils sauront comment me
trouver.
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