Chroniques crémolanes, épisode 2 : "à quand la fin de Sardou dans les rues ?"

 

Ces chroniques sont issues de mes observations et de mon analyse personnelle, elles ne sont en aucun cas une vérité absolue.

Je souhaite simplement raconter et partager le regard que je porte sur mon environnement proche, à travers mon vécu et mon parcours.

Crémieu, 8 décembre 2016
9h59.
Je suis en train de terminer ma séance avec mon petit patient, qui est très concentré dans sa lecture.

10H00
Un « holy night » sonore vient sortir brutalement mon petit bonhomme de sa concentration et lui place immédiatement des pères Noëls dansant sous les yeux à la place de mon charabia illisible.

Et ça a été ça toute la (sainte) journée.
Comme chaque année pour le 8 décembre.
Le même disque tous les ans.
J’imaginais même un employé de mairie rappuyant sur « play » à la fin de « douce nuit », en plage 14 sur le CD « Christmas best-of 1994 ».
Ah, oui, pour les profanes, le 8 décembre, dans un rayon de 50 bornes autour de Lyon, on place traditionnellement des luminions à nos fenêtres, pour une histoire de remerciements à la vierge qui aurait évité la peste à Lyon. Enfin, ça c’était avant que ça ne devienne de la débauche énergétique, lumineuse et ochlophobisante (ouais on apprend du vocabulaire sur ce blog, accroche-toi).
Bref, la ville de Crémieu est plongée dans l’ambiance de Noël tous les 8 décembre dès 10H, marché de Noël, lutins, marrons et vin chaud compris.

Crémieu, Avril 2024
Groupe Facebook « l’Agora de Crémieu ».
(pour avoir le début de cette histoire passionnante, rocambolesque et incroyable, faut lire ça )
J’en envie de parler de cette histoire de musique. En effet, depuis quelques semaines, elle a fait son retour dans les rues, et nous sommes gratifiés de chansons de Pagny, Goldman et Sardou désormais les mercredis, et le week-end.
Aujourd’hui, je ne travaille plus sous les hauts-parleurs, mais je continue à déambuler dans les rues.
Et je subis une pollution sonore.
Oui, pour moi c’en est une, puisque c’est du superflu, du non-désiré, de l’imposé. Je parle évidemment en mon nom. Ce n’est pas tant le choix de la musique ni des horaires. C’est simplement le fait qu’on vienne m’imposer un truc sans me le demander.
Et pas d’bol, je suis musicienne, et plutôt tatillonne. Et j’aime pô Sardou.

Donc je poste ça pour lancer le premier sujet sur le groupe :


34 commentaires.
Et des échanges privés pour permettre d’apaiser le débat.
Malgré quelques frictions inévitables, il en est sorti beaucoup d’informations.

J’en ai fait une synthèse :


Le CTC, c’est l’union des commerçants.
En quelques échanges, nous savions qui passait la musique (perso je pensais que c’était la mairie, employé de mairie, compact-disc, compil « les chansons les plus larmoyantes 1989 », toussa…), que c’était une initiative des commerçants qui souhaitent une ambiance festive, que certains aimeraient être associés au choix de la musique et des horaires.

Plutôt cool comme idée, non ?
Forcément, la Aurélie, quand elle voit tous ces points de vue se croiser, elle se dit que c’est forcément possible de s’entendre ? Y’a même moyen de faire un vrai projet citoyen, de faire découvrir des artistes locaux (tiens, mets donc Maïté Merlin et Nick Heywood dans ton casque et marche dans la rue, tu verras comme Crémieu sera plus belle (oui Crémieu est une fille d’abord)), bref, de quoi fédérer encore facilement sans que ça ne coûte rien. Enfin, si, et c’est ça que j’ai percuté. Ça coute de l’engagement et du temps. Et je l’ai compris après.

Ben oui, du coup, la Aurélie, elle fait quoi ? Ben elle copie colle une proposition faite par un crémolan sur le groupe et elle l’envoie à la présidente de l’union des commerçants, qu’elle connait, ça tombe bien !
Pour moi le job était fait. Message transmis. Next.
Réponse immédiate.
En gros, ce que j’ai ressenti, c’est « ok cool, vas-y, tu gères le truc ! »
Euh ben non, moi je montre comment fonctionne le Dyson on a dit, pas que j’allais le passer à la place des autres !

Mes constats :

- Les échanges ont été constructifs sur le groupe. Vraiment. Et j’ai ressenti un certain soulagement de pouvoir s’exprimer. Des personnes que je ne connais pas, qui ne se connaissent peut-être pas, ont échangé leurs idées, leurs ressentis et ont proposé des choses. Juste ça, c’est une réussite pour moi.
Facile de faire un parallèle avec le fameux Grand Débat Citoyen demandé par le présidieu de la République. J'en ai animé un. Les participants étaient sincèrement heureux qu'on leur demande leur avis, enfin. C'est cette satisfaction que j'ai ressenti à la lecture des propositions.
La question est de savoir si leurs idées seront aussi bien reprises que les cahiers de doléances et le respect des français ont été enterrés par Macron 1er après le Grand Débat ?

- Cela m’a permis de poser le cadre, et ainsi favoriser l’émergence d’idées. Il n’est pas facile de déconstruire le fait que des phrases du style « tout le monde pense que « ou « il y a des choses plus graves » soient obstructrices au débat d’idées et dénigrent la pensée des personnes qui s’expriment.
En effet, il est plus facile de cacher son opinion derrière « tout le monde pense comme moi », pour certainement se donner une assurance inconsciemment, que d’oser affirmer un « ben non, moi je pense ça » en public. Peur de déplaire à son voisin ? Peur de découvrir que les autres ne pensent pas comme nous ? Ou pire, peur de découvrir que les autres pensent comme nous et que ça risque de faire changer les choses ?
Du régal pour les psychologues et coachs en développement personnel, n’est-il pas ?

- On confond le message et le messager. Ce n’est pas parce que des idées émergent par l’intermédiaire du groupe que j’ai créé que je vais les réaliser. Le pouvoir d’agir, chacun l’a. Maintenant, si vous avez lu cet article, et a fortiori si vous avez assisté voire participé aux échanges sur le groupe, vous savez que c’est l’union des commerçants qui passe la musique pour faire une ambiance festive dans Crémieu. Vous faites ce que vous voulez de cette information. Mon rôle s’arrête là. Il est juste de vous montrer que je n’ai pas le pouvoir d’agir à votre place. Mais que vous pouvez le faire si vous le souhaitez.
Maintenant, vous connaissez les interlocuteurs et les raisons. Il ne reste qu’à se parler et coconstruire tranquilou bilou .

Oui je sais, ça paraît facile dit comme ça.
On verra ça après les réunions publiques, la communication en direct, tiens.

Ce serait dommage de ne plus avoir de quoi écrire ici !




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