Quand les mots s'envolent, l'orthophoniste reste
Crémieu, il y a quatorze ans. Un message sur mon répondeur professionnel d’orthophoniste fraîchement installée. Une femme, qui demande un RDV pour son mari, qui selon elle perd la mémoire. Le neurologue les envoie faire un bilan orthophonique en attendant l’IRM. Je viens d’ouvrir mon cabinet, mon agenda présente encore quelques disponibilités. Une prise en charge de début de maladie d’Alzheimer, cela augure un suivi assez long, parfois complexe étant donné les impacts familiaux. Dès le message sur le répondeur, une alerte s’était allumée en moi quant au rôle de la femme. RDV est pris pour le bilan la semaine suivante. Ils arrivent tous les deux. Lui, calme, souriant, avenant, mais avec une pointe d’inquiétude dans le regard. Il semble essayer de me dire quelque chose sans pouvoir le verbaliser. Elle, elle prend toute la place. Elle parle pour mari, elle semble même penser pour lui. Parfois il la regarde avec tristesse puis me fixe. Si parfois, dans ce genre de situat...