5 ans 💫
Cette journée avait pourtant commencé comme les autres.
La promenade de Pumpy sous le soleil.
Le coucou à ma grande qui émergeait doucement pendant que ma blonde restait
dans les bras de Morphée.
Le café au troquet habituel.
L’ouverture de l’ordinateur.
Puis le coup d’œil sur la date.
Evidemment, que je savais que c’était aujourd’hui.
Je pensais qu’après tout ce que j’avais traversé ces derniers temps et apaisé,
cette journée serait à l’image de la paix que je ressens grandir en moi.
Puis je vois le message de Loïc et de son clin d’œil à la
plage.
Je lui partage que cette journée est particulière.
Sans le savoir, j’entr’ouvrais doucement une porte que je pensais fermée.
Puis l’envie d’envoyer un message à Maman et Pierre, avec
des cœurs blancs.
Et le besoin de retrouver cette photo que j’aime tant.
Une visio avec maman.
On ne retrouve pas cette photo.
Un truc continue à grandir en moi, quelque chose que j’avais
mis de côté.
Je continue à travailler, mais je ne suis plus aussi
concentrée.
J’envoie un message à mes acolytes musiciens pour la
prochaine répétition.
Et comme avec Loïc, je partage la particularité de cette journée pour moi.
Et j’y ajoute le lien avec la musique.
Et ça y est, le truc qui pousse à l’intérieur veut sortir.
Je sens la première larme poindre.
Elle coule lentement pendant que je bois mon deuxième café.
Je ne peux plus travailler.
Je remballe l’ordinateur et mon sourire.
Je m’arrête acheter ce que je suis poussée à prendre pour l’anniversaire de ma sœur
de cœur.
Mais vite, je ne m’éternise pas, je ne suis plus encline à échanger.
Je rentre à la maison.
Je file dans mon bac à photos, je dois la trouver, cette
photo.
Je ne la trouverai pas.
Mais j’en trouverai deux autres.
Sa préférée, celle où je porte le pull qu’il aimait tant me voir porter, où il
est écrit « j’ai besoin de bisous ».
Sur laquelle j’ai 3 ans.
Et une autre, où j’ai 37 ans de plus, où j’apparais dans la robe que je porte
aujourd’hui, auprès de sa tante, où nous rayonnons toutes les deux le bonheur
de nous être retrouvées.
Et là, les vannes s’ouvrent complètement.
Je pleure.
Je nettoie.
J’expulse.
Je vide.
J’apaise.
Je guéris.
Aujourd’hui, cela fait 5 ans que j’ai reçu l’appel de Maman
qui m’a fait entrer dans quelque chose que je ne connaissais pas encore :
le deuil.
Un processus. Un cheminement. Une guérison.
J’ai pleuré à la mort de mon père, mais peu.
Je réalise aujourd’hui que les larmes d’alors n’étaient pas pour moi.
Elles étaient pour ma maman qui perdait son mari, pour mes filles qui perdaient
leur grand-père, pour sa maman qui perdait son fils.
Mais je n’avais pas pleuré pour moi, la fille qui perdait son père.
Je n’avais pas pris le temps de faire ce deuil pour moi.
Je n’avais pas pris le temps de prendre ce temps.
Les larmes ont coulé, mais seules, sans réelle émotion
associée.
Point de tristesse, de nostalgie ou d’amertume.
Elles avaient simplement besoin de sortir.
Pour que leur mouvement sur mes joues me fasse ressentir sur ma peau l’écoulement
des émotions.
Pour que leur séchage naturel sur mon visage me montre que le temps soigne.
Pour que leur disparition me guide vers l’apaisement.
Je n’ai pas retrouvé cette photo, où je suis dans les bras
de papa, tous les deux face au miroir.
Elle refera surface quand ce sera le moment.
Je n’ai plus besoin de cette photo pour savoir que le miroir est mon propre
corps et dans les larmes qu’il me dévoile.
J’ai encore appris quelque chose aujourd’hui.
Cela aura pris 5 ans.
Merci Papa pour tout ce que tu continues à m’apprendre.
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