La photo qui parle

 Elle est affichée dans mon salon.

Une photo dans laquelle j’apparais.
Une photo que je n’ai pourtant jamais publiée sur les réseaux sociaux, moi pourtant si prompte, même si je me soigne, à partager ma vie.

Cette photo, elle est intime.
J’en prends conscience au moment de l’écrire. Elle est intime non pas parce qu’elle représente une partie corporelle. Elle est intime parce qu’elle me dévoile.

Je m’explique.

Cette photo, prise à un instant de ma vie bien précis, a le super pouvoir de changer de signification.

À chaque fois que je la regarde, j’y lis un message différent.
Le seul point commun, c’est un mot qui revient à chaque fois : connexion.

Cette photo, elle dégage un sentiment d’intimité à mes yeux parce qu’elle représente la connexion ultime. Avec soi ou les autres.

Un jour, elle m’a parlé de la connexion malgré le temps qui passe.
Une autre fois, c’était d’être connectée avec moi malgré les douleurs perçues.
Un autre, c’était d’être connectée avec Lui malgré les doutes.
Et une autre, c’était pour m’inviter à rester connectée avec ma foi.
Enfin, et c’est le message de ce soir, elle me guide à rester connectée avec la réalité.

Peut-être que je la publierai, peut-être pas.
Peut-être que je souhaite finalement la réserver aux visiteurs qui sont autorisés à pénétrer dans cette pièce.
Oui, c’est peut-être ça, finalement.
Cette photo, elle révèle une partie de mon intimité, puisque clairement, elle parle.

D’ailleurs, elle parle déjà par son silence : personne ne m’a jamais demandé d’où provenait cette photo. Personne ne s’est d’ailleurs jamais intéressé de prime abord à cet élément de décoration de mon si joli cocon. Il doit se protéger, tiens.
Elle a aussi parlé par son apparence : une privilégiée qui a eu le droit de poser le pied dans mon salon, et donc certainement dans mon intimité, a dit, après que je lui ai fait part de mon amour pour cette photo située au-dessus de mon piano : « ah mais j’avais même pas vu que c’était toi ! »

C’est marrant, je ne diffuse pas cette photo, et on ne voit même pas que j’y apparais.

Ce soir, je tente de faire le lien entre le fond et la forme du cliché.
Le fond pour moi : la connexion.
La forme qu’il prend, toujours pour moi : un cliché réservé à ceux qui entrent dans mon intimité.
La synthèse que j’en tire à cet instant : la vraie connexion ne peut qu’être intime.
Qu’elle soit à soi-même ou aux autres.

Peut-être qu'un jour je l'enlèverai cette photo. Quand elle n'aura plus rien à me dire.

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