Merci les souvenirs Facebook !

 Les réseaux sociaux ont quand même quelques côtés intéressants.

La fonction « souvenir » de Facebook.
Celle qui te balance soit des sourires, soit des « outch ».

J’aime beaucoup aller voir ces souvenirs.
Une madeleine de Proust quotidienne.

Çela permet de voir le chemin parcouru, ouvrir une fenêtre sur le passé, sur qui on a pu être à ce moment-là et pourquoi.

Je n’ai jamais effacé mes propos sur Facebook, et pourtant, il y en a bon nombre qui sont à l’exact opposé de qui je peux être aujourd’hui.
Je les laisse, je n’ai pas honte de qui j’ai été. C’est ce qui fait que je suis moi aujourd’hui.

Bref, aujourd’hui, mon souvenir du jour me ramène 14 ans en arrière.
Sur le papier, c’est plutôt mal parti : « [Aurélie Aulagnon] (oui, naguère, on commençait nos posts Facebook comme ça, les anciens savent (et accessoirement, il y a 14 ans, je n’étais pas Aurélie Aulagnon)) a failli mourir d'une façon pas bien drôle ce matin...Vivement l'été moi je dis! »

Il m’arrive de raconter cette anecdote.
Pour moi, elle est plutôt rigolote.
Mais en vrai, elle aurait vraiment pu être dramatique.

Je vais donc tenter de vous narrer comment le 14 janvier 2010, je suis passée à quelques secondes d’une mort terrible.

Le 14 janvier 2010, j’étais orthophoniste. Je travaillais dans mon joli cabinet de Crémieu. J’étais mariée, j’avais alors une fille, et j’habitais une jolie maison dans un village limitrophe (Dizimieu, y’a pas plus beau nom pour une orthophoniste ^^ ).
Petite vie rangée, quoi, pépouze.

Ce 14 janvier donc, j’avais noté dans mon agenda un rdv à domicile pour un bilan de mémoire. Ce domicile, il était à l’EHPAD de Crémieu. Il me semble même que c’était la première fois que je devais m’y rendre.
Les anciens qui ont connu un temps où le dérèglement climatique ne faisaient pas fondre nos hivers se rappellent peut-être de ce mois de janvier 2010.
Froid, glacial, même. Et enneigé. Très enneigé.

Le 14 janvier 2010, je me foutais royalement du fait qu’il pouvait y avoir de la neige. Parce que le 14 janvier 2010, j’étais de celle qui allait régulièrement au ski, et qui possédait le véhicule ultime pour braver les éléments, j’ai nommé un Pick-Up Navara.
Oui oui, pour ceux qui ne me connaissent qu’aujourd’hui, oui, j’ai été l’heureuse conductrice d’un énorme truc polluant avec lequel j’allais bosser. Et vous savez quoi ? J’ai adoré. Bon déjà parce qu’il ne nous avait rien coûté (big up à mon ex-mari qui l’avait gagné), et parce que c’était franchement pratique dans mon écosystème égocentré de l’époque. Le changement climatique n’existait pas, d’abord.

Le 14 janvier 2010, je n’avais même pas besoin de prendre mon aspirateur à pétrole cracheur de CO2 pour honorer mon rdv. Je n’avais qu’à grimper la Côte Chausson qui allait de mon lieu de travail à l’EHPAD.
Je m’y suis donc rendue chaussée de mes belles bottes de neige fourrées, petite valisette de travail à la main.

Je découvre les lieux, un peu intimidée devant la taille de l’édifice. Je rencontre ma patiente, procède au bilan, et prends le chemin de la sortie.

Etrangement, je ne sors pas par l’accès officiel. Je crois que j’ai dû me paumer pour sortir par l’entrée des artistes.

Je vous repose le contexte du 14 janvier 2010 : il fait très froid, il y a beaucoup de neige, je me rends dans un bâtiment ancien haut de 4 étages.

Je me dirige vers l’issue que je viens enfin de trouver.
Les portes automatiques s’ouvrent.
J’enfile mon bonnet.
Je fais quelques pas en direction du portail de sortie.

Et j’entends un bruit assourdissant derrière moi, suivi d’un souffle que je ne comprends pas.
Des amas de neige et de glace viennent alors taper mes talons.

Je me retourne.

Et je me trouve face à un mur de neige d’environ 1m50, dans lequel sont plantés une dizaine de stalactites de glace de taille oscillants entre 1m et 2m.
Le toit venait de se délester de tout son poids.

Immédiatement, des agents sortent, alertés par le bruit qu’ils viennent d’entendre.
Et se trouvent face à une Aurélie complètement coite.

J’entends un « tout va bien ? »
Et j’entends ma bouche répondre « oui oui, nickel, bonne journée ! »

Et me voilà repartie vers mon petit bureau.

Je n’ai analysé ce qui s’était passé, ce qui aurait pu se passer à quelques secondes près, qu’au fil de la journée.
Jusqu’à avoir besoin de l’extérioriser par une déclaration officielle sur Facebook. (bon faut dire qu’à l’époque on racontait tout. Bien trop. En tout cas, c’était mon cas^^)

Voilà, vous savez dorénavant qu’il y a 14 ans, j’ai failli mourir d’une manière un peu nulle.

Et moi je sais aujourd’hui, que finalement, une partie de cette Aurélie d’il y a 14 ans n’existe effectivement plus, et que le lieu de cette non mort est devenu celui qui 14 ans après lui apporte tant de belles preuves de vie.

Et ça, ça claque.
Merci Facebook !

(et j’ai plus de pick-up)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Mélia, ou comment la mort devient la vie à travers ses yeux

10H aux urgences un samedi de décembre, et une demande honorée

Petite leçon de manipulation